jeudi 30 avril 2015

Hollande en Berne

François Hollande s'est rendu en visite d'Etat en Suisse les 15 et 16 avril derniers. Officiellement pour affirmer les bonnes relations entre nos deux pays et souligner la fin des bisbilles fiscales et financières. Il a profité de ce déplacement pour voir le président du Comité International olympique et lui annoncer l'intention de Paris d'être candidate à l'organisation des Jeux olympiques de 2024. A ce qu'on nous a dit. 
En réalité, tout cela est du pipeau: le vrai but de la visite de François Hollande en Suisse était de demander en catimini au président du C.I.O. de ne surtout pas accorder les J.O. 2024 à Paris.
En effet, notre Président, qui a les pieds sur terre et qui a fait les comptes, sait très bien qu'il ne serait pas raisonnable, pour la France, de se payer une fantaisie pareille. On nous bassine en nous répétant que le coût sera raisonnable grâce aux installations déjà existantes. Mais il en faudra bien d'autres et chacun sait que, en matière d'investissements publics, tout particulièrement en France, le coût d'arrivée n'est pas, loin de là, le coût annoncé au départ. Voir le Musée des Confluences, à Lyon, qui, in fine, a coûté 5 fois  le devis initial. On n'ose parler de l'EPR de Flamanville … De plus, quand on liste les dépenses de type J.O. ou Coupe du Monde de foot, on "oublie" de prendre en compte la plupart des dépenses indirectes induites comme l'augmentation -faramineuse- des dépenses de sécurité (des milliers de policiers et du matériel en plus …) ou de pollution. Avec les J.O. de 2024, les dépenses commencent dès l'attribution, en 2016. Elles ont même déjà commencé: on se réunit, on fait des études, on voyage,  …
Est-ce donc raisonnable de s'engager dans de pareils frais alors qu'il nous manque des centaines de milliers, voire des millions, de logements, des dizaines de milliers de places de prison, que nous avons des milliers de passages à niveau ferroviaires à supprimer (y.c. sur des lignes où passe le TGV: cf le cas risible et pitoyable du dernier Paris-Roubaix cycliste), encore des tonnes d'amiante à enlever, bientôt des centrales nucléaires à démanteler et remplacer, des côtes mangées par l'océan à renforcer, des lignes ferroviaires classiques à rafistoler (cf Brétigny), des agglomérations et cours d'eau à dépolluer, une armée à la limite de de l'asphyxie financière, … et j'en passe ... , et toujours des millions de chômeurs, dont le nombre ne diminue pas, loin de là, à indemniser.
C'est pourtant simple: dans les J.O., et d'une façon plus générale dans les grandes compétitions sportives internationales, l'important c'est de gagner des médailles ou des coupes, pas de payer les installations sportives: demandez aux Brésiliens quelle est la Coupe du Monde de foot qu'ils préfèrent: celle qu'ils ont gagnée en 2002 contre l'Allemagne au Japon ou celle de 2014 qu'ils ont organisée et payée et où ils se sont fait lessiver 7-1 (en demi-finale, pas en finale!) par ladite Allemagne!

mardi 7 avril 2015

Le goupillon et le sabre

Je viens de lire "Le mauvais génie" d'Ariane Chemin et Vanessa Schneider, consacré à Patrick Buisson. Sacré bouquin, sacré personnage! Un scoop à chaque page! J'ai ainsi appris que l'ancien conseiller vedette de Nicolas Sarkozy avait été décoré de l'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand. Voilà qui sonne sérieux.
J'ai quand même voulu en savoir un peu plus. Vite, un petit coup de Wikipedia! 

L'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, fondé en 1831 par le pape Grégoire XVI en l'honneur du pape saint Grégoire (590-604), décerne une décoration accordée par le Vatican pour service et soutien à l'Eglise et "bon exemple" dans la vie professionnelle et privée. L'ordre comprend quatre classes, par importance décroissante:

- Grand-Croix de Première Classe
- Commandeur avec plaque
- Commandeur
- Chevalier

Wikipedia donne ensuite des noms de membres de l'ordre ayant une certaine notoriété mais malheureusement en agrégeant les deuxième et troisième classes. On trouve ainsi Patrick dans une rubrique "Commandeurs avec plaque et commandeurs", ce qui est certes très prestigieux mais fait qu'on ne sait pas si Patrick est à côté de la plaque ou non.

Par contre, on est assez surpris de trouver au top, dans "Grand-Croix de Première Classe":

- le général Herbillon, ravageur-destructeur de l'oasis de Zaatcha en Algérie en 1849 (Cf mon message du 01.04.2010)
- le maréchal de Saint-Arnaud, grand massacreur-enfumeur d'Algériens dans les années 1830/1850. (Cf mon message du 01.04.2010)

A-t-on pensé à Rome que nos deux sabreurs avaient soutenu l'Eglise en diminuant le nombre de musulmans?
A la décharge de Saint-Arnaud, il faut dire qu'il avait un truc, comme l'a révélé le R.P. Riquet dans son sermon lors de la messe aux Invalides (26.10.1954) pour le centenaire de la mort du maréchal : après avoir rappelé que celui-ci est le prestigieux vainqueur de l'Alma (20.09.1854), le R.P. évoque très sobrement sa longue carrière algérienne en disant: "Quand à ce qui précède, je n'ai pas à vous en parler. Lui-même a jugé son passé dans une lettre à sa mère …" Simple, non? Il suffit de tout raconter à sa maman!
Il paraît que François Mauriac s'en était indigné. Déjà que Victor Hugo avait écrit dans "Les châtiments" que le maréchal avait "les états de service d'un chacal." Décidément, ces écrivains ont un sale caractère ...